BATTAGLIA ACID VELVET

En 2021, Maxime Bataille entame une importante mutation. Des cendres de 6ix, pseudonyme sous lequel il a dévoilé plusieurs projets au cours de la décennie dernière, et avec lequel il s’est imposé comme étant l’un des artistes les plus prolifiques de la scène rap indépendante lyonnaise, il fait naître Battaglia. Un alter ego aux allures de gangster fou plus proche de ses inspirations plus profondes et de sa véritable personnalité. Un premier EP éponyme, dévoilé le 17 juillet dernier, nous propose un univers musical regroupant l’énergie du rock, la désinvolture du rap moderne allié à une esthétique sombre et tendue tirée des meilleurs films obscurs. Un univers complexe et presque insaisissable dont il rouvre les portes à l’occasion de son deuxième EP, “ACID VELVET“, disponible le 8 avril.

Les six morceaux de cet EP ont été conçus dans leur entièreté (de l’écriture à la production en passant par le mix) par Battaglia. Plus qu’une simple suite, “ACID VELVET” s’inscrit dans une continuité musicale, si bien que pour éclaircir sa compréhension une écoute des deux projets l’un après l’autre s’impose. Même fougue, donc, mais un nouvel emballage plus coloré. On retrouve à la direction artistique le collectif Le Donjon, déjà à l’origine des visuels et de la trilogie de clips dévoilés l’an dernier. La jonction des idées et des univers propres à chacun a abouti très rapidement à la mise en image de la musique de Battaglia, avec des concepts et une esthétique léchée. La pochette de ce nouveau projet, réalisée par Orlando Elias Adam, arbore des couleurs plus vives et offre une nuance graphique de la violence. La pulsion d’autodestruction, mise en scène métaphoriquement sur la pochette, reste un sujet important, mais laisse plus de place à l’expression de sensations positives comme l’amour, l’espoir ou la détermination.
Le titre “ACID VELVET” (“velours acide” en anglais) peut échapper à quiconque se limite à la traduction littérale, mais en lui réside une idée très forte, la principale clé de compréhension de ce projet. L’expression file une très belle métaphore pour mettre en exergue la dualité de Battaglia. Son oscillement entre plusieurs sentiments exacerbés et vécus avec (trop) de passion, le tiraillement causé par son envie de toujours mêler des choses qui ne semblent pas pouvoir aller ensemble par exemple. Le velours, c’est sa nouvelle façade, c’est la matière qu’il a préféré au cuir afin de se distinguer des autres et des siens, c’est la dose de douceur suffisante pour rester calme face à la violence qui l’entoure et il est acteur et spectateur, c’est, finalement, ce qui le rend palpable. L’acide, lui, évoque le goût à la fois le sucré et le piquant que lui laisse cette vie mouvementée, le citron métaphorique qu’il s’administre par voie oculaire pour une expérience psychosensorielle des plus passionnées.
Article rédigé par Johann Abessolo